niaiseries, et je m’appliquai fortement à me rendre compte de l’erreur que j’avais commise dans mes mesures. À la fin, la vérité m’apparut comme un éclair. Dans ma première tentative d’exploration, j’avais compté cinquante-deux pas, jusqu’au moment où je tombai ; je devais être alors à un pas ou deux du morceau de serge ; dans le fait, j’avais presque accompli le circuit du caveau. Je m’endormis alors, — et, en m’éveillant, il faut que je sois retourné sur mes pas, — créant ainsi un circuit presque double du circuit réel. La confusion de mon cerveau m’avait empêché de remarquer que j’avais commencé mon tour avec le mur à ma gauche, et que je finissais avec le mur à ma droite.
Je m’étais aussi trompé relativement à la forme de l’enceinte. En tâtant ma route, j’avais trouvé beaucoup d’angles, et j’en avais déduit l’idée d’une grande irrégularité ; tant est puissant l’effet d’une totale obscurité sur quelqu’un qui sort d’une léthargie ou d’un sommeil ! Ces angles étaient simplement produits par quelques légères dépressions ou retraits à des intervalles inégaux. La forme générale de la prison était un carré. Ce que j’avais pris pour de la maçonnerie semblait maintenant du fer, ou tout autre métal, en plaques énormes, dont les sutures et les joints occasionnaient les dépressions. La surface entière de cette construction métallique était grossièrement barbouillée de tous les emblèmes hideux et répulsifs auxquels la superstition sépulcrale des moines a donné naissance. Des figures de démons, avec des airs de menace, avec des formes de squelettes, et d’autres images d’une horreur plus réelle souillaient les murs dans toute leur étendue. J’observai que les contours de ces monstruosités étaient suffisamment distincts, mais que les couleurs étaient flétries et altérées, comme par l’effet d’une atmosphère humide. Je remarquai alors le sol, qui était en pierre. Au centre bâillait le puits circulaire, à la gueule duquel j’avais échappé ; mais il n’y en avait qu’un seul dans le cachot.