caractère strictement cataleptique, l’ironie d’une faible coloration sur le sein et sur la face, et sur la lèvre ce sourire équivoque et languissant qui est si terrible dans la mort. Nous replaçâmes et nous vissâmes le couvercle, et, après avoir assujetti la porte de fer, nous reprîmes avec lassitude notre chemin vers les appartements supérieurs, qui n’étaient guère moins mélancoliques.
Et alors, après un laps de quelques jours pleins du chagrin le plus amer, il s’opéra un changement visible dans les symptômes de la maladie morale de mon ami. Ses manières ordinaires avaient disparu. Ses occupations habituelles étaient négligées, oubliées. Il errait de chambre en chambre d’un pas précipité, inégal et sans but. La pâleur de sa physionomie avait revêtu une couleur peut-être encore plus spectrale ; — mais la propriété lumineuse de son œil avait entièrement disparu. Je n’entendais plus ce ton de voix âpre qu’il prenait autrefois à l’occasion ; et un tremblement qu’on eût dit causé par une extrême terreur caractérisait habituellement sa prononciation. Il m’arrivait quelquefois, en vérité, de me figurer que son esprit, incessamment agité, était travaillé par quelque suffocant secret, et qu’il ne pouvait trouver le courage nécessaire pour le révéler. D’autres fois, j’étais obligé de conclure simplement aux bizarreries inexplicables de la folie ; car je le voyais regardant dans le vide pendant de longues heures, dans l’attitude de la plus profonde attention, comme s’il écoutait un bruit imaginaire. Il ne faut pas s’étonner que son état m’effrayât, qu’il m’infectât même. Je sentais se glisser en moi, par une gradation lente mais sûre, l’étrange influence de ses superstitions fantastiques et contagieuses.
Ce fut particulièrement une nuit, — la septième ou la huitième depuis que nous avions déposé lady Madeline dans le caveau, — fort tard, avant de me mettre au lit, que j’éprouvai toute la puissance de ses sensations. Le sommeil ne voulait pas approcher de ma couche ; — les heures, une à une, tombaient,