Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1889.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Notre entretien avait été sérieux et grave ; mais, nos pensées, elles étaient paralysées et mornes, nos souvenirs étaient traîtres et mornes — car nous ne savions pas que le mois était Octobre et nous ne remarquions pas la nuit de l’année (Ah ! nuit de toutes les nuits de l’année !) ; nous n’observions pas l’obscur lac d’Auber, — bien qu’une fois nous ayons voyagé par là, — nous ne nous rappelions pas l’humide marais d’Auber, ni le pays de bois hanté par les goules de Weir.

Et maintenant, comme la nuit vieillissait et que le cadran des étoiles indiquait le matin, — à la fin de notre sentier — un liquide et nébuleux éclat vint à naître, hors duquel un miraculeux croissant se leva avec une double corne — le croissant diamanté d’Astarté distinct avec sa double corne.

Et je dis : « Elle est plus tiède que Diane ; elle roule à travers un éther de soupirs : elle jubile dans une région de soupirs ; — elle a vu que les larmes ne sont pas sèches sur ces joues où le ver ne meurt jamais, et elle est venue passé les étoiles du Lion, pour nous