Page:Poe - Les Poèmes d’Edgar Poe, trad. Mallarmé, 1888.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

Presque tout le monde a lu d’autre part ce singulier morceau de prose où Poe se complaît à analyser son Corbeau, démontant, strophe à strophe, le poème, pour en expliquer l’effroi mystérieux et par quel subtil méca- nisme d’imagination il séduit nos âmes. La mémoire d’un examen quasi-sacrilège de chaque effet, maintenant poursuit le lecteur, même emporté par le cours du poème. Que penser de l’article, traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d’un Poème et par Poe intitulé Philosophie de la Composition ? sauf que c’est un pur jeu intellectuel (s’il faut s’attacher aux termes d’une lettre récemment mise en lumière). J’extrais. " En discutant du Corbeau (écrit Mme Suzan Achard Wirds à M. William Gill) M. Poe m’assura que la relation par lui publiée de la méthode de composition de cette œuvre n’avait rien d’authentique ; et qu’il n’avait pas compté qu’on lui accordât ce caractère. L’idée lui vint, suggérée par les commentaires et les investigations des critiques, que le poème aurait pu être ainsi composé. Il avait en conséquence produit cette relation, simple- ment à titre d’expérience ingénieuse. Cela l’avait amusé et surpris de la voir si promptement acceptée comme une déclaration faite bonâ fide. "