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une plaine ; mais il m’a toujours paru qu’un espace étroit et resserré est absolument nécessaire pour l’effet d’un incident isolé ; il lui donne l’énergie qu’un cadre ajoute à une peinture. Il a cet avantage moral incontestable de concentrer l’attention dans un petit espace, et cet avantage, cela va sans dire, ne doit pas être confondu avec celui qu’on peut tirer de la simple unité de lieu.

Je résolus donc de placer l’amant dans sa chambre, — dans une chambre sanctifiée pour lui par les souvenirs de celle qui y a vécu. La chambre est représentée comme richement meublée, — et cela est en vue de satisfaire aux idées que j’ai déjà expliquées au sujet de la Beauté, comme étant la seule véritable thèse de la Poésie.

Le lieu ainsi déterminé, il fallait maintenant introduire l’oiseau, et l’idée de le faire entrer par la fenêtre était inévitable. Que l’amant suppose, d’abord, que le battement des ailes de l’oiseau contre le volet est un coup frappé à sa porte, c’est une idée qui est née de mon désir d’accroître, en la faisant attendre, la curiosité du lecteur, et aussi de placer l’effet incidentel de la porte ouverte toute grande