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ne sais comment cela se fait, mais cette expression particulière de l’œil, qui quelquefois même s’inscrit jusque dans les lèvres, est le charme le plus puissant, sinon l’unique, qui enchaîne mon attention à une femme. Romanesque ! pourvu que mes lecteurs comprennent pleinement tout ce que je voudrais enfermer dans ce mot ! — romanesque et féminin me paraissent deux termes réciproquement convertibles ; et après tout, ce que l’homme aime vraiment dans la femme, c’est sa féminéité. Les yeux d’Annie (j’entendis quelqu’un qui de l’intérieur appelait sa « chère Annie ») étaient d’un gris céleste ; sa chevelure, d’un blond châtain ; ce fut tout ce que j’eus le temps d’observer en elle.

Sur sa très-courtoise invitation, j’entrai, — et je passai d’abord dans un vestibule suffisamment spacieux. Étant venu surtout pour observer, je notai qu’à ma droite, en entrant, il y avait une fenêtre, semblable à celles de la façade ; à ma gauche, une porte conduisant dans la pièce principale ; pendant qu’en face de moi, une porte ouverte me permit de voir une petite chambre, de la même