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seau porte la couleur des siècles et est abondamment recouverte et ombragée de lierre, de chèvrefeuille, d’églantine et de clématite. L’uniformité des deux lignes du mur, du sommet et de la base, est amplement tempérée à l’occasion par des arbres d’une hauteur gigantesque, s’élevant isolément ou par petits groupes, placés tantôt le long de la pelouse, tantôt dans le domaine derrière le mur, mais toujours très-près de ce dernier, de sorte que de vastes branches (particulièrement de noyer), passent par-dessus et trempent leurs extrémités dans l’eau. Le regard ne peut pas aller au delà, et la vue du domaine est rigoureusement empêchée par un impénétrable paravent de feuillage.

C’est pendant que le canot se rapproche graduellement de ce que j’ai appelé la barrière de l’avenue qu’on observe à loisir toutes ces circonstances. Cependant, en arrivant auprès, son caractère d’abîme s’évanouit ; une autre voie d’écoulement de la baie se laisse voir à gauche, et le mur continue aussi à courir dans cette direction, longeant toujours le cours du ruisseau. À travers cette nouvelle ouverture, l’œil ne peut pas pénétrer bien loin ; car le