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anormales et destituées de toute espèce de but. Ce fut Ellison qui me suggéra qu’elles étaient des pronostics de mort. Il expliquait la chose ainsi : « Admettons que l’immortalité terrestre de l’homme ait été l’intention première. Nous concevons dès lors un arrangement primitif de la surface de la terre approprié à cet état bienheureux de l’homme, état qui n’a pas été réalisé, mais qui a été préconçu. Les perturbations n’ont été que des préparatifs pour sa condition mortelle, conçue postérieurement.

« Or, — ajoutait mon ami, — ce que nous regardons comme un ennoblissement du paysage peut bien être un ennoblissement réel, mais seulement au point de vue moral ou humain. Toute altération du décor naturel produirait peut-être un défaut dans le tableau, si nous supposons le tableau vu en grand, en masse, de quelque point éloigné de la surface de la terre, quoique non au delà des limites de son atmosphère. On comprend aisément que le perfectionnement d’un détail, examiné de très-près, pourrait en même temps gâter un effet général, un effet saisissable à une grande distance. Il se peut qu’il existe une classe d’êtres, appartenant autrefois à l’huma-