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dessus, toute l’assemblée observa, pendant une minute à peu près, un silence de mort. Il y eut une dame qui obéit à la lettre à M. Maillard, c’est-à-dire que, tirant sa langue, une langue d’ailleurs excessivement longue, elle la prit avec ses deux mains, et la tint avec beaucoup de résignation jusqu’à la fin du festin.

« Et cette dame, — dis-je à M. Maillard en me penchant vers lui, et lui parlant à voix basse, — cette excellente dame qui parlait tout à l’heure, et qui nous lançait son coquerico, elle est, je présume, inoffensive, — tout à fait inoffensive, hein ?

— Inoffensive ! — s’écria-t-il avec une surprise non feinte ; — comment ? que voulez-vous dire ?

— Elle n’est que légèrement atteinte ? — dis-je en me touchant le front. — Je suppose qu’elle n’est pas particulièrement, — dangereusement affectée, hein ?

— Mon Dieu ! qu’imaginez-vous là ? Cette dame, ma vieille et particulière amie, madame Joyeuse a l’esprit aussi sain que moi-même. Elle a ses petites excentricités, sans doute ; mais, vous savez, toutes