Page:Poe - Histoires grotesques et sérieuses.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Trois vigoureux domestiques avaient réussi à déposer sans accident sur la table un énorme plat, ou plutôt un bateau, contenant ce que j’imaginais être le monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum. Un examen plus attentif me confirma toutefois que c’était seulement un petit veau rôti, tout entier, appuyé sur ses genoux, avec une pomme entre les dents, selon la mode usitée en Angleterre pour servir un lièvre.

« Non, je vous remercie, — répliquai-je ; — pour dire la vérité, je n’ai pas un faible bien déterminé pour le veau à la Sainte… comment dites-vous ? car je ne trouve pas généralement qu’il me réussisse. Je vous prierai de faire changer cette assiette et de me permettre d’essayer un peu du lapin. »

Il y avait sur la table quelques plats latéraux, contenant ce qui me semblait être du lapin ordinaire, à la française, un délicieux morceau, que je puis vous recommander.

« Pierre ! — cria mon hôte, — changez l’assiette de monsieur, et donnez-lui un morceau de ce lapin au chat.

— De ce… quoi ? — dis-je.