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pissées d’un gazon vert-tendre, épais, court, parfaitement égal, et parfumé de vanille, mais si bien étoilé, dans toute son étendue, de renoncules jaunes, de pâquerettes blanches, de violettes pourprées et d’asphodèles d’un rouge de rubis, que sa merveilleuse beauté parlait à nos cœurs, en accents éclatants, de l’amour et de la gloire de Dieu.

Et puis, çà et là, parmi ce gazon, s’élançaient en bouquets, comme des explosions de rêves, des arbres fantastiques dont les troncs grands et minces ne se tenaient pas droits, mais se penchaient gracieusement vers la lumière qui visitait à midi le centre de la vallée. Leur écorce était mouchetée du vif éclat alterné de l’ébène et de l’argent, et plus polie que tout ce qui n’était pas les joues d’Éléonora ; si bien que, sans le vert brillant des vastes feuilles qui s’épandaient de leurs sommets en longues lignes tremblantes et jouaient avec les Zéphirs, on aurait pu les prendre pour de monstrueux serpents de Syrie rendant hommage au Soleil, leur souverain.

Pendant quinze ans, Éléonora et moi, la main dans la main, nous errâmes à travers cette vallée avant que l’amour entrât dans nos cœurs. Ce fut