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été fait dans le but évident de fournir une prise pour porter le corps. Or, une troupe d’hommes aurait-elle jamais songé à recourir à un pareil expédient ? À trois ou quatre hommes les membres du cadavre auraient fourni une prise non-seulement suffisante, mais la plus commode possible. C’est bien l’invention d’un seul individu, et cela nous ramène à ce fait : Entre le fourré et la rivière, on a découvert que les palissades étaient abattues, et la terre gardait la trace d’un lourd fardeau qu’on y avait traîné ! Mais une troupe d’hommes aurait-elle pris la peine superflue d’abattre une palissade pour traîner un cadavre à travers, puisqu’ils auraient pu, en le soulevant, le faire passer facilement par-dessus ? Une troupe d’hommes se serait-elle même avisée de traîner un cadavre, à moins que ce ne fût pour laisser des traces évidentes de cette traînée ?

» Et ici il nous faut revenir à une observation du Commercial, sur laquelle je me suis déjà un peu arrêté. Ce journal dit : « Un morceau d’un des jupons de l’infortunée jeune fille avait été arraché, serré autour de son cou, et noué derrière la tête, probablement pour empêcher ses cris. Cela a été fait par des drôles qui n’avaient même pas un mouchoir de poche. »

» J’ai déjà suggéré qu’un parfait coquin n’était jamais sans un mouchoir de poche. Mais ce n’est pas sur ce fait que je veux spécialement attirer l’attention. Ce n’est pas faute d’un mouchoir, ni pour le but supposé par le Commercial que cette bande a été employée ; ce qui le prouve, c’est le mouchoir de poche laissé dans