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entièrement par l’action d’une épine. Par la nature même du tissu, une épine ou un clou qui s’y accroche le déchire rectangulairement, — le divise par deux fentes longitudinales, faisant angle droit, et se rencontrant au sommet par où l’épine est entrée ; — mais il est presque impossible de comprendre que le morceau soit complètement arraché. Je n’ai jamais vu cela, ni vous non plus. Pour arracher un morceau d’un tissu, il faut, dans presque tous les cas, deux forces distinctes, agissant en sens différents. Si l’étoffe présente deux bords, — si, par exemple, c’est un mouchoir, — et si l’on désire en arracher une bande, alors, seulement alors, une force unique suffira. Mais, dans le cas actuel, il est question d’une robe, qui ne présente qu’un seul côté. Quant à arracher un morceau du milieu, lequel n’offre aucun côté, ce serait miracle que plusieurs épines le pussent faire, et une seule ne le pourrait. Mais, même quand le tissu présente un côté, il faudra deux épines, agissant, l’une dans les deux directions distinctes, et l’autre dans une seule. Et encore faut-il supposer que le bord n’est pas ourlé. S’il est ourlé, la chose devient presque impossible. Nous avons vu quels grands et nombreux obstacles empêchent que des morceaux soient arrachés par la simple action des épines ; cependant, on vous invite à croire que non-seulement un morceau, mais plusieurs morceaux ont été arrachés de cette manière ! Et l’un de ces morceaux était l’ourlet de la robe ! Un autre morceau était une partie de la jupe, mais non pas l’ourlet, — c’est-à-dire