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avec la ferme conviction qu’elle va renforcer son argumentation générale.

» Maintenant examinez de nouveau cette partie de l’argumentation qui a trait à la reconnaissance du corps par Beauvais. Relativement au poil sur le bras, l’Étoile montre évidemment de la mauvaise foi. M. Beauvais, n’étant pas un idiot, n’aurait jamais, pour constater l’identité d’un corps, argué simplement de poil sur le bras. Il n’y a pas de bras sans poil. La généralité des expressions de l’Étoile est une simple perversion des phrases du témoin. Il a dû nécessairement parler de quelque particularité dans ce poil ; particularité dans la couleur, la quantité, la longueur ou la place.

» Le journal dit : « Son pied était petit ; » il y a des milliers de petits pieds. Sa jarretière n’est pas du tout une preuve, non plus que son soulier; car les jarretières et les souliers se vendent par ballots. On peut en dire autant des fleurs de son chapeau. Un fait sur lequel M. Beauvais insiste fortement est que l’agrafe de la jarretière avait été reculée pour rendre celle-ci plus étroite. Cela ne prouve rien ; car la plupart des femmes emportent chez elles une paire de jarretières et les accommodent à la grosseur de leurs jambes plutôt que de les essayer dans la boutique où elles les achètent.

» Ici il est difficile de supposer le raisonneur dans son bon sens. Si M. Beauvais, à la recherche du corps de Marie, a découvert un cadavre ressemblant, par les proportions générales et l’aspect, à la jeune fille dispa-