Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Ici il est difficile de saisir tout d’abord l’intention du raisonneur. Il cherche à prévenir ce qu’il imagine pouvoir être une objection à sa théorie, — à savoir que le corps, étant resté deux jours sur le rivage, a dû subir une décomposition rapide, — plus rapide que s’il avait été plongé dans l’eau. Il suppose que, si tel a été le cas, le corps aurait pu reparaître à la surface le mercredi, et pense que, dans ces conditions-là seulement, il aurait pu reparaître. Il est donc très-pressé de prouver que le corps n’est pas resté sur le rivage ; car, dans ce cas, on aurait trouvé sur ce rivage quelque trace des meurtriers. Je présume que cette conséquence vous fera sourire. Vous ne pouvez pas comprendre comme le séjour plus ou moins long du corps sur le rivage aurait pu multiplier les traces des assassins. Ni moi non plus.

» Le journal continue : « Et enfin, il est excessivement improbable que les malfaiteurs qui ont commis un meurtre tel que celui qui est supposé, aient jeté le corps à l’eau sans un poids pour l’entraîner, quand il était si facile de prendre cette précaution. »

» Observez ici la risible confusion d’idées ! Personne, pas même l’Étoile, ne conteste qu’un meurtre a été commis sur le corps trouvé. Les traces de violence sont trop évidentes. Le but de notre raisonneur est simplement de montrer que ce corps n’est pas celui de Marie. Il désire prouver que Marie n’est pas assassinée, — mais non pas que ce cadavre n’est pas celui d’une personne assassinée. Cependant, son observation ne prouve que