Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/474

Cette page a été validée par deux contributeurs.

figure brune. Lui, Valence, connaissait Marie et ne pouvait pas se tromper sur son identité. Les objets trouvés dans le bosquet furent parfaitement reconnus par les parents de Marie.

Cette masse de dépositions et d’informations que je récoltais ainsi dans les journaux, à la demande de Dupin, comprenait encore un point, — mais c’était un point de la plus haute importance. Il paraît qu’immédiatement après la découverte des objets ci-dessus indiqués on trouva, dans le voisinage du lieu que l’on croyait maintenant avoir été le théâtre du crime, le corps inanimé ou presque inanimé de Saint-Eustache, le fiancé de Marie. Une fiole vide portant l’étiquette « laudanum » était auprès de lui. Son haleine accusait le poison. Il mourut sans prononcer une parole. On trouva sur lui une lettre racontant brièvement son amour pour Marie et son dessein arrêté de suicide.

— Je ne crois pas avoir besoin de vous dire, — dit Dupin, comme il achevait la lecture de mes notes, — que c’est là un cas beaucoup plus compliqué que celui de la rue Morgue, duquel il diffère en un point très-important. C’est là un exemple de crime atroce, mais ordinaire. Nous n’y trouvons rien de particulièrement outré. Observez, je vous prie, que c’est la raison pour laquelle le mystère a paru simple ; quoique ce soit justement la même raison qui aurait dû le faire considérer comme plus difficile à résoudre. C’est pourquoi on a d’abord jugé superflu d’offrir une récompense. Les mirmidons de G...... étaient assez forts pour com-