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fut possible de l’extraire des papiers publics, était que Marie avait été la victime d’une bande de misérables furieux, qui l’avaient transportée sur la rivière, maltraitée et assassinée. Cependant, une feuille d’une vaste influence, le Commercial[1], combattit très-vivement cette idée populaire. J’extrais un ou deux passages de ses colonnes :

« Nous sommes persuadés que l’enquête a jusqu’à présent suivi une fausse piste, tant du moins qu’elle a été dirigée vers la barrière du Roule. Il est impossible qu’une jeune femme, connue, comme était Marie, de plusieurs milliers de personnes, ait pu passer trois bornes sans rencontrer quelqu’un à qui son visage fût familier; et quiconque l’aurait vue s’en serait souvenu, car elle inspirait de l’intérêt à tous ceux qui la connaissaient. Elle est sortie juste au moment où les rues sont pleines de monde . . . . . . . . . . .
Il est impossible qu’elle soit allée à la barrière du Roule ou à la rue des Drômes sans avoir été reconnue par une douzaine de personnes ; aucune déposition cependant n’affirme qu’on l’ait vue ailleurs que sur le seuil de la maison de sa mère, et il n’y a même aucune preuve qu’elle en soit sortie du tout, excepté le témoignage concernant l’intention exprimée par elle. Un morceau de sa robe était déchiré, serré autour d’elle et noué ; c’est ainsi que le corps a pu être porté comme un paquet. Si le meurtre avait été commis à la barrière

  1. New-York, Journal of Commerce.