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impliquées dans l’affaire, « pour la dénonciation de chacun des assassins[1] ». Dans la proclamation qui annonçait cette récompense, une pleine amnistie était promise à tout complice qui déposerait spontanément contre son complice; et à la déclaration officielle, partout où elle était affichée, s’ajoutait un placard privé, émanant d’un comité de citoyens, qui offrait dix mille francs, en plus de la somme proposée par la préfecture. La récompense entière ne montait pas à moins de trente mille francs ; ce qui peut être regardé comme une somme extraordinaire, si l’on considère l’humble condition de la petite et la fréquence, dans les grandes villes, des atrocités telles que celles en question.

Personne ne doutait maintenant que le mystère de cet assassinat ne fut immédiatement élucidé. Mais, quoique, dans un ou deux cas, des arrestations eussent eu lieu qui semblaient promettre un éclaircissement, on ne put rien découvrir qui incriminât les personnes suspectées, et elles furent aussitôt relâchées. Si bizarre que cela puisse paraître, trois semaines écoulées depuis la découverte du cadavre, trois semaines s’étaient déjà écoulées sans jeter aucune lumière sur la question, et cependant la plus faible rumeur des événements qui agi-

  1. Aux amateurs de la stricte vérité locale, je ferai observer, relativement à ce passage et à d’autres qui suivent, ainsi qu’à plusieurs de Double Assassinat dans la rue Morgue, que l’auteur raconte les choses à l’américaine, et que l’aventure n’est que très-superficiellement déguisée; mais que des mœurs parisiennes imaginaires n’infirment pas la valeur de l’analyse, pas plus qu’un plan de Paris imaginaire. — C. B.