Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/444

Cette page a été validée par deux contributeurs.

impressionné lentement et graduellement par quelque évidence mystérieuse.

— En vérité, répéta le vassal.

— Horrible ! dit le jeune homme avec beaucoup de calme. Et il rentra tranquillement dans le palais.

À partir de cette époque, une altération marquée eut lieu dans la conduite extérieure du jeune débauché, baron Frédérick von Metzengerstein. Véritablement, sa conduite désappointait toutes les espérances et déroutait les intrigues de plus d’une mère. Ses habitudes et ses manières tranchèrent de plus en plus et, moins que jamais, n’offrirent d’analogie sympathique quelconque avec celle de l’aristocratie du voisinage. On ne le voyait jamais au delà des limites de son propre domaine, et, dans le vaste monde social, il était absolument sans compagnon, — à moins que ce grand cheval impétueux, hors nature, couleur de feu, qu’il monta continuellement à partir de cette époque, n’eût en réalité quelque droit mystérieux au titre d’ami.

Néanmoins, de nombreuses invitations de la part du voisinage lui arrivaient périodiquement. — « Le baron honorera-t-il notre fête de sa présence ? » — « Le baron se joindra-t-il à nous pour une chasse au sanglier ? » — « Metzengerstein ne chasse pas ; » — « Metzengerstein n’ira pas, » — telles étaient ses hautaines et laconiques réponses.

Ces insultes répétées ne pouvaient pas être endurées par une noblesse impérieuse. De telles invitations devinrent moins cordiales, — moins fréquentes ; — avec