Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.

més les êtres rudimentaires jusqu’à ce qu’ils soient garnis de toutes leurs plumes.

P. Vous parlez d’êtres rudimentaires, y a-t-il d’autres êtres rudimentaires pensants que l’homme ?

V. L’incalculable agglomération de matière subtile dans les nébuleuses, les planètes, les soleils, et autres corps qui ne sont ni nébuleuses, ni soleils, ni planètes, a pour unique destination de servir d’aliment aux organes idiosyncrasiques d’une infinité d’êtres rudimentaires ; mais, sans cette nécessité de la vie rudimentaire, acheminement à la vie définitive, de pareils mondes n’auraient pas existé ; chacun de ces mondes est occupé par une variété distincte de créatures organiques, rudimentaires, pensantes ; dans toutes, les organes varient avec les caractères généraux de l’habitacle. À la mort ou métamorphose, ces créatures, jouissant de la vie ultérieure, de l’immortalité, et connaissant tous les secrets, excepté l’unique, opèrent tous leurs actes et se meuvent dans tous les sens par un pur effet de leur volonté ; elles habitent, — non plus les étoiles qui nous paraissent les seuls mondes palpables, et pour la commodité desquelles nous croyons stupidement que l’espace a été créé, mais l’espace lui-même, cet infini dont l’immensité véritablement substantielle absorbe les étoiles comme des ombres et pour l’œil des anges les efface comme des non-entités.

P. Vous dites que, sans la nécessité de la vie rudimentaire, les astres n’auraient pas été créés. Mais pourquoi cette nécessité ?