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V (après une longue hésitation et parlant comme avec effort). J’en mourrai.

P. Cette idée de mort vous afflige-t-elle ?

V (avec vivacité). Non, non !

P. Cette perspective vous réjouit-elle ?

V. Si j’étais éveillé, j’aimerais mourir. Mais maintenant il n’y a pas lieu de le désirer. L’état magnétique est assez près de la mort pour me contenter.

P. Je voudrais bien une explication un peu plus nette, monsieur Vankirk.

V. Je le voudrais bien aussi ; mais cela demande plus d’effort que je ne me sens capable d’en faire. Vous ne me questionnez pas convenablement.

P. Alors, que faut-il vous demander ?

V. Il faut que vous commenciez par le commencement.

P. Le commencement ! Mais où est-il, le commencement ?

V. Vous savez bien que le commencement est Dieu. (Ceci fut dit sur un ton bas, ondoyant, et avec tous les signes de la plus profonde vénération.)

P. Qu’est-ce donc que Dieu ?

V (hésitant quelques minutes). Je ne puis pas le dire.

P. Dieu n’est-il pas un esprit ?

V. Quand j’étais éveillé, je savais ce que vous entendiez par esprit. Mais maintenant, cela ne me semble plus qu’un mot, — tel, par exemple, que vérité, beauté, — une qualité enfin.

P. Dieu n’est-il pas immatériel ?