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avais demandé, on s’en souvient, s’il dormait toujours. Il disait maintenant :

— Oui, — non, — j’ai dormi, — et maintenant, — maintenant, je suis mort.

Aucune des personnes présentes n’essaya de nier ni même de réprimer l’indescriptible, la frissonnante horreur que ces quelques mots ainsi prononcés étaient si bien faits pour créer. M. L…, l’étudiant, s’évanouit. Les gardes-malades s’enfuirent immédiatement de la chambre, et il fut impossible de les y ramener. Quant à mes propres impressions, je ne prétends pas les rendre intelligibles pour le lecteur. Pendant près d’une heure, nous nous occupâmes en silence (pas un mot ne fut prononcé) à rappeler M. L… à la vie. Quand il fut revenu à lui, nous reprîmes nos investigations sur l’état de M. Valdemar.

Il était resté à tous égards tel que je l’ai décrit en dernier lieu, à l’exception que le miroir ne donnait plus aucun vestige de respiration. Une tentative de saignée au bras resta sans succès. Je dois mentionner aussi que ce membre n’était plus soumis à ma volonté. Je m’efforçai en vain de lui faire suivre la direction de ma main. La seule indication réelle de l’influence magnétique se manifestait maintenant dans le mouvement vibratoire de la langue. Chaque fois que j’adressais une question à M. Valdemar, il semblait qu’il fît un effort pour répondre, mais que sa volition ne fût pas suffisamment durable. Aux questions faites par une autre personne que moi il paraissait absolument insen-