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symptôme de vitalité ; et, concluant qu’il était mort, nous le laissions aux soins des gardes-malades, quand un fort mouvement de vibration se manifesta dans la langue. Cela dura pendant une minute peut-être. À l’expiration de cette période, des mâchoires distendues et immobiles jaillit une voix, — une voix telle que ce serait folie d’essayer de la décrire. Il y a cependant deux ou trois épithètes qui pourraient lui être appliquées comme des à-peu-près : ainsi, je puis dire que le son était âpre, déchiré, caverneux ; mais le hideux total n’est pas définissable, par la raison que de pareils sons n’ont jamais hurlé dans l’oreille de l’humanité. Il y avait cependant deux particularités qui — je le pensai alors, et je le pense encore, — peuvent être justement prises comme caractéristiques de l’intonation, et qui sont propres à donner quelque idée de son étrangeté extra-terrestre. En premier lieu, la voix semblait parvenir à nos oreilles, — aux miennes du moins, — comme d’une très-lointaine distance ou de quelque abîme souterrain. En second lieu, elle m’impressionna (je crains, en vérité, qu’il ne me soit impossible de me faire comprendre), de la même manière que les matières glutineuses ou gélatineuses affectent le sens du toucher.

J’ai parlé à la fois de son et de voix. Je veux dire que le son était d’une syllabisation distincte, et même terriblement, effroyablement distincte. M. Valdemar parlait, évidemment pour répondre à la question que je lui avais adressée quelques minutes auparavant. Je lui