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qu’arriva ce que je vais vous raconter. C’était le 10 juillet 18…, un jour que les gens de ce pays n’oublieront jamais, — car ce fut un jour où souffla la plus horrible tempête qui soit jamais tombée de la calotte des cieux. Cependant, toute la matinée et même fort avant dans l’après-midi, nous avions eu une jolie brise bien faite du sud-ouest, le soleil était superbe, si bien que le plus vieux loup de mer n’aurait pas pu prévoir ce qui allait arriver.

» Nous étions passés tous les trois, mes deux frères et moi, à travers les îles à deux heures de l’après-midi environ, et nous eûmes bientôt chargé le semaque de fort beau poisson, qui — nous l’avions remarqué tous trois — était plus abondant ce jour-là que nous ne l’avions jamais vu. Il était juste sept heures à ma montre quand nous levâmes l’ancre pour retourner chez nous, de manière à faire le plus dangereux du Strom dans l’intervalle des eaux tranquilles, que nous savions avoir lieu à huit heures.

» Nous partîmes avec une bonne brise à tribord, et, pendant quelque temps, nous filâmes très-rondement, sans songer le moins du monde au danger ; car, en réalité, nous ne voyions pas la moindre cause d’appréhension. Tout à coup nous fûmes masqués par une saute de vent qui venait de Helseggen. Cela était tout à fait extraordinaire, — c’était une chose qui ne nous était jamais arrivée, — et je commençais à être un peu inquiet, sans savoir exactement pourquoi. Nous fîmes arriver au vent, mais nous ne pûmes jamais