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chambre de caoutchouc, et je déshabillai la nacelle. Ainsi que j’aurais dû m’y attendre, une violente migraine accompagnée de spasmes fut la conséquence immédiate d’une expérience si précipitée et si pleine de dangers. Mais, comme ces inconvénients et d’autres encore relatifs à la respiration n’étaient pas assez grands pour mettre ma vie en péril, je me résignai à les endurer de mon mieux, d’autant plus que j’avais tout lieu d’espérer qu’ils disparaîtraient progressivement, chaque minute me rapprochant des couches plus denses de l’atmosphère lunaire.

Toutefois, ce rapprochement s’opérait avec une impétuosité excessive, et bientôt il me fut démontré — certitude fort alarmante — que, bien que très-probablement je ne me fusse pas trompé en comptant sur une atmosphère dont la densité devait être proportionnelle au volume du satellite, cependant j’avais eu bien tort de supposer que cette densité, même à la surface, serait suffisante pour supporter l’immense poids contenu dans la nacelle de mon ballon. Tel cependant eût dû être le cas, exactement comme à la surface de la terre, si vous supposez, sur l’une et sur l’autre planète, la pesanteur réelle des corps en raison de la densité atmosphérique ; mais tel n’était pas le cas ; ma chute précipitée le démontrait suffisamment. Mais pourquoi ? C’est ce qui ne pouvait s’expliquer qu’en tenant compte de ces perturbations géologiques dont j’ai déjà posé l’hypothèse.

En tout cas, je touchais presque à la planète, et je