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augmenté de volume que son diamètre apparent sous-tendait un angle qui ne mesurait pas moins de 39 degrés ! J’étais foudroyé ! Aucune parole ne peut donner une idée exacte de l’horreur extrême, absolue, et de la stupeur dont je fus saisi, possédé, écrasé. Mes genoux vacillèrent sous moi, — mes dents claquèrent, — mon poil se dressa sur ma tête. — Le ballon a donc fait explosion ? — Telles furent les premières idées qui se précipitèrent tumultueusement dans mon esprit. Positivement, le ballon a crevé ! — Je tombe, — je tombe avec la plus impétueuse, la plus incomparable vitesse ! À en juger par l’immense espace déjà si rapidement parcouru, je dois rencontrer la surface de la terre dans dix minutes au plus ; — dans dix minutes, je serai précipité, anéanti !

Mais, à la longue, la réflexion vint à mon secours. Je fis une pause, je méditai ; et je commençai à douter. La chose était impossible. Je ne pouvais en aucune façon être descendu aussi rapidement. En outre, bien que je me rapprochasse évidemment de la surface située au-dessous de moi, ma vitesse réelle n’était nullement en rapport avec l’épouvantable vélocité que j’avais d’abord imaginée.

Cette considération calma efficacement la perturbation de mes idées, et je réussis finalement à envisager le phénomène sous son vrai point de vue. Il fallait que ma stupéfaction m’eût privé de l’exercice de mes sens pour que je n’eusse pas vu quelle immense différence il y avait entre l’aspect de cette surface placée au-des-