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africain. Il était impossible de découvrir une trace des édifices particuliers, et les plus orgueilleuses cités de l’humanité avaient absolument disparu de la surface de la terre.

Ce qui m’étonna particulièrement dans l’aspect des choses situées au-dessous de moi, ce fut la concavité apparente de la surface du globe. Je m’attendais, assez sottement, à voir sa convexité réelle se manifester plus distinctement à proportion que je m’élèverais ; mais quelques secondes de réflexion me suffirent pour expliquer cette contradiction. Une ligne abaissée perpendiculairement sur la terre du point où je me trouvais aurait formé la perpendiculaire d’un triangle rectangle dont la base se serait étendue de l’angle droit à l’horizon, et l’hypoténuse de l’horizon au point occupé par mon ballon. Mais l’élévation où j’étais placé n’était rien ou presque rien comparativement à l’étendue embrassée par mon regard ; en d’autres termes, la base et l’hypoténuse du triangle supposé étaient si longues, comparées à la perpendiculaire, qu’elles pouvaient être considérées comme deux lignes presque parallèles. De cette façon l’horizon de l’aéronaute lui apparaît toujours au niveau de sa nacelle. Mais, comme le point situé immédiatement au-dessous de lui, lui apparaît et est, en effet, à une immense distance, naturellement il lui paraît aussi à une immense distance au-dessous de l’horizon. De là l’impression de concavité ; et cette impression durera jusqu’à ce que l’élévation se trouve relativement à l’étendue de la perspective dans une