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communément respiration, est une action purement musculaire ; elle est la cause et non l’effet de la respiration. En un mot, je concevais que, le corps s’habituant à l’absence de pression atmosphérique, ces sensations douloureuses devaient diminuer graduellement ; et, pour les supporter tant qu’elles dureraient, j’avais toute confiance dans la solidité de fer de ma constitution.

J’ai donc exposé quelques-unes des considérations — non pas toutes certainement — qui m’induisirent à former le projet d’un voyage à la lune. Je vais maintenant, s’il plaît à Vos Excellences, vous exposer le résultat d’une tentative dont la conception paraît si audacieuse, et qui, dans tous les cas, n’a pas sa pareille dans les annales de l’humanité.

Ayant atteint la hauteur dont il a été parlé ci-dessus, c’est-à-dire trois milles trois quarts, je jetai hors de la nacelle une quantité de plumes, et je vis que je montais toujours avec une rapidité suffisante ; il n’y avait donc pas nécessité de jeter du lest. J’en fus très-aise, car je désirais garder avec moi autant de lest que j’en pourrais porter, par la raison bien simple que je n’avais aucune donnée positive sur la puissance d’attraction et sur la densité atmosphérique. Je ne souffrais jusqu’à présent d’aucun malaise physique, je respirais avec une parfaite liberté et n’éprouvais aucune douleur dans la tête. La chatte était couchée fort solennellement sur mon habit que j’avais ôté, et regardait les pigeons avec un air de nonchaloir. Ces derniers, que j’avais at-