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d’horreur, d’effroi, d’absolue désespérance et de destruction. En réalité, le sang si longtemps accumulé dans les vaisseaux de la tête et de la gorge, et qui avait jusque-là créé en moi un délire salutaire dont l’action suppléait à l’énergie, commençait maintenant à refluer et à reprendre son niveau ; et la clairvoyance qui me revenait, augmentant la perception du danger, ne servait qu’à me priver du sang-froid et du courage nécessaires pour l’affronter. Mais, par bonheur pour moi, cette faiblesse ne fut pas de longue durée. L’énergie du désespoir me revint à propos, et, avec des cris et des efforts frénétiques, je m’élançai convulsivement et à plusieurs reprises par une secousse générale, jusqu’à ce qu’enfin, m’accrochant au bord si désiré avec des griffes plus serrées qu’un étau, je tortillai mon corps par-dessus et tombai la tête la première et tout pantelant dans le fond de la nacelle.

Ce ne fut qu’après un certain laps de temps que je fus assez maître de moi pour m’occuper de mon ballon. Mais alors je l’examinai avec attention et découvris, à ma grande joie, qu’il n’avait subi aucune avarie. Tous mes instruments étaient sains et saufs, et, très-heureusement, je n’avais perdu ni lest ni provisions. À la vérité, je les avais si bien assujettis à leur place qu’un pareil accident était chose tout à fait improbable. Je regardai à ma montre, elle marquait six heures. Je continuais à monter rapidement, et le baromètre me donnait alors une hauteur de trois milles trois quarts. Juste au-dessous de moi apparaissait dans l’Océan un petit