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déjà fait entendre, à un citoyen de Nantes, en France, par qui il m’a été communiqué sous condition.

Le même individu m’a confié, sans être le moins du monde au fait de mes intentions, un procédé pour fabriquer les ballons avec un certain tissu animal, qui rend la fuite du gaz chose presque impossible ; mais je trouvai ce moyen beaucoup trop dispendieux, et, d’ailleurs, il se pouvait que la batiste, revêtue d’une couche de caoutchouc, fût tout aussi bonne. Je ne mentionne cette circonstance que parce que je crois probable que l’individu en question tentera, un de ces jours, une ascension avec le nouveau gaz et la matière dont j’ai parlé, et que je ne veux pas le priver de l’honneur d’une invention très-originale.

À chacune des places qui devait être occupée par l’un des petits tonneaux, je creusai secrètement un petit trou ; les trous formant de cette façon un cercle de vingt-cinq pieds de diamètre. Au centre du cercle, qui était la place désignée pour la plus grande barrique, je creusai un trou plus profond. Dans chacun des cinq petits trous, je disposai une boîte de fer-blanc, contenant cinquante livres de poudre à canon, et dans le plus grand un baril qui en tenait cent cinquante. Je reliai convenablement le baril et les cinq boîtes par des traînées couvertes, et, ayant fourré dans l’une des boîtes le bout d’une mèche longue de quatre pieds environ, je comblai le trou et plaçai la barrique par-dessus, laissant dépasser l’autre bout de la mèche d’un pouce à peu près au delà de la barrique, et d’une