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difficulté plus grande qu’il éprouve à concevoir une série infinie de causes. » L’argutie gît, comme précédemment, dans le mot difficulté ; mais ici à quelle fin est employé ce mot ? À soutenir l’idée de Cause Première. Et qu’est-ce qu’une Cause Première ? C’est une limite extrême de toutes les causes. Et qu’est-ce qu’une limite extrême de toutes les causes ? C’est le Fini. Ainsi, la même argutie, dans les deux cas, est employée, — par combien de philosophes, Dieu le sait ! — pour soutenir tantôt le Fini et tantôt l’Infini ; ne pourrait-elle pas être utilisée pour soutenir encore quelque autre chose ? Quant aux arguties, elles sont généralement, de leur nature, insoutenables ; mais, en les jetant de côté, constatons que ce qu’elles prouvent dans un cas est identique à ce qu’elles démontrent dans un autre, c’est-à-dire à rien.

Personne, évidemment, ne supposera que je lutte ici pour établir l’absolue impossibilité de ce que nous essayons de faire entendre par le mot Infini. Mon but est seulement de montrer quelle folie c’est de vouloir prouver l’Infini, ou même notre con-