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soit et ne soit pas un arbre. Qu’on n’essaye pas, dis-je, d’avancer une pareille stupidité ; car, d’abord, il n’y a pas de degrés dans l’impossibilité, et, une conception impossible ne peut pas être plus particulièrement impossible que toute autre conception impossible ; ensuite, M. Mill lui-même, sans doute après mûre délibération, a, très-distinctement et très-rationnellement, exclu toute opportunité d’exception par l’énergie de sa proposition, à savoir que, dans aucun cas, la possibilité ou l’impossibilité de comprendre ne doit être prise comme critérium de vérité axiomatique ; troisièmement, même en supposant quelques exceptions admissibles, il resterait à montrer comment ce peut être ici le cas d’en admettre une. Qu’un arbre puisse être et n’être pas un arbre, c’est là une idée que les anges ou les démons pourraient peut-être concevoir ; mais sur la terre il n’y a que les habitants de Bedlam ou les transcendantalistes qui réussissent à la comprendre.

« Or, si je cherche querelle à ces anciens, — continue l’auteur de la lettre, — ce n’est pas tant à