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nous servant de l’un ou de l’autre, nous voulons parler de la réaction de l’Acte primordial. Il ne fut jamais rien de si inutile que de supposer la Matière pénétrée d’une qualité indestructible faisant partie de son essence, — qualité ou instinct à jamais inséparable d’elle, principe inaliénable en vertu duquel chaque atome est perpétuellement poussé à rechercher l’atome son semblable. Jamais il n’y eut rien de moins nécessaire que d’adopter cette idée antiphilosophique. Allant au delà de la pensée vulgaire, il faut que nous comprenions, métaphysiquement, que le principe de la gravitation n’appartient à la matière que temporairement, pendant qu’elle est éparpillée ; — pendant qu’elle existe sous la forme de la Pluralité au lieu d’exister sous celle de l’Unité ; — lui appartient seulement en vertu de son état d’irradiation ; — appartient, en un mot, non pas à la matière elle-même le moins du monde, mais uniquement à la condition actuelle où elle se trouve. D’après cette idée, quand l’irradiation sera retournée vers sa source, — quand la réaction sera devenue complète, — le principe de la gravitation