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du tout. On se figure chaque groupe, dans le grand groupe de groupes, pourvu et construit d’une manière similaire ; et en même temps, pour que l’analogie soit complète et ne fasse défaut en aucun point, on va jusqu’à concevoir tous ces groupes eux-mêmes comme tournant autour de quelque sphère encore plus auguste ; — cette dernière à son tour, avec tous les groupes qui lui forment une ceinture, on croit qu’elle n’est qu’un des membres d’une série encore plus magnifique d’agglomérations, évoluant autour d’un autre globe qui lui sert de centre, — quelque globe encore plus ineffablement sublime, quelque globe, disons mieux, d’une infinie sublimité, incessamment multipliée par l’infiniment sublime. Telles sont les conditions, continuées à perpétuité, que la tyrannie d’une fausse analogie impose à l’imagination et que la Raison est invitée à contempler, sans se montrer, s’il est possible, trop mécontente du tableau. Tel est, en général, le système d’interminables révolutions s’engendrant les unes les autres, que la Philosophie nous a habitués à comprendre et à expliquer, en s’y prenant du moins aussi