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idée distincte même des 3,000 milles qui séparent les deux rivages ? Je doute, en vérité, qu’il existe un homme qui puisse faire entrer dans son cerveau la plus vague conception de l’intervalle compris entre une borne milliaire et sa plus proche voisine. Cependant, nous trouvons quelque facilité pour apprécier la distance en combinant l’idée de l’espace avec l’idée de vélocité qui la suit naturellement. Le son parcourt un espace de 1,100 pieds en une seconde. Or, s’il était possible à un habitant de la Terre de voir l’éclair d’un coup de canon tiré dans la Lune et d’en entendre la détonation, il lui faudrait attendre treize jours entiers, à partir du moment où il aurait aperçu le premier, pour recevoir un indice de la seconde.

Quelque faible que soit l’appréciation obtenue par ce moyen de la réelle distance de la Lune à la Terre, elle aura néanmoins cette utilité de nous faire mieux comprendre la folie de vouloir saisir par la pensée des distances telles que les 2,800 millions de milles qui séparent Neptune de notre Soleil ; ou même les 95 millions de milles compris entre le Soleil et la Terre que nous habitons. Un boulet de ca-