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Là, des gouffres béants, plus noirs que l’Érèbe, nous apparaissent comme des échappées ouvertes, à travers les murs limitrophes de l’Univers Sidéral, sur l’Univers illimité du Vide. Or, tout corps existant sur la Terre est exposé, soit par son mouvement propre, soit par celui de la Terre, à traverser ou à longer un de ces vides ou abîmes cosmiques, et il est évident qu’en ce moment il cesse d’être attiré dans la direction du Vide et qu’il est conséquemment plus lourd qu’à aucune autre époque, soit avant, soit après. Indépendamment, toutefois, de la considération de ces vides, et ne nous occupant que de la distribution généralement inégale des étoiles, nous voyons que la tendance absolue des corps de la Terre vers le centre de la Terre est dans un état de variation perpétuelle.

Nous comprenons donc l’insulation de notre Univers. Nous percevons l’isolement de l’Univers, c’est-à-dire de tout ce que nos sens peuvent saisir. Nous savons qu’il existe un groupe de groupes, une agglomération autour de laquelle, de tous côtés, s’étend un incommensurable Espace désert fermé à toute