Page:Poe - Derniers Contes.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sauvage ; que cette vermine avait son utilité, toute pernicieuse, il est vrai : la torture que causaient à la bête ses piqûres et ses morsures l’excitait à ce degré de fureur qui lui était nécessaire pour rugir et commettre le mal, et accomplir ainsi les desseins vindicatifs et cruels des mauvais génies.

» Ces explications me déterminèrent à prendre mes jambes à mon cou, et sans même regarder une fois derrière moi, je me mis à courir de toutes mes forces à travers les collines, tandis que le crocheteur se sauvait aussi vite dans une direction opposée, emportant avec lui mes ballots, dont il eut, sans doute, le plus grand soin : cependant je ne saurais rien assurer à ce sujet, car je ne me souviens pas de l’avoir jamais revu depuis.

» Quant à moi, je fus si chaudement poursuivi par un essaim des hommes-vermine (ils avaient gagné le rivage sur des barques) que je fus bientôt pris, et conduit pieds et poings liés, sur la bête, qui se remit immédiatement à nager au large.

» Je me repentis alors amèrement d’avoir fait la folie de quitter mon conforta-