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ment que celui qui vient de sortir des doux rêves de la bien-aimée pour se baigner dans l’air parfumé d’une nuit d’été australe.

Un des poèmes les plus achevés de Willis[1], le meilleur assurément à mon avis qu’il ait jamais écrit, a dû sans doute à ce même excès de brièveté de ne pas occuper la place qui lui est due tant aux yeux des critiques que devant l’opinion populaire.


Les ombres s’étendaient le long de Broadway,
Proche était l’heure du crépuscule,
Et lentement une belle dame
S’y promenait dans son orgueil.
Elle se promenait seule ; mais invisibles,
Des esprits marchaient à son côté.

Sous ses pieds la Paix charmait la terre,
Et l’Honneur enchantait l’air ;
Tous ceux qui passaient la regardaient avec complaisance,
Et l’appelaient bonne autant que belle,

    « Il n’y a pas de beauté exquise qui n’offre quelque étrangeté dans ses proportions. » Mais que Shelley soit obscur, original, ou étrange, il est toujours sincère. Il ne connaît pas l’affectation. »

  1. N. P. Willis, essayiste, conteur et poète américain. Poe lui a consacré un long article dans ses Essais Critiques sur la littérature américaine. Il reproche surtout à ses compositions « une teinte marquée de mondanité et d’affectation. »