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tout oreilles, et allait faire de son mieux pour ne plus ronfler, — la reine, dis-je, voyant les choses s’arranger à sa grande satisfaction, reprit la suite de l’histoire de Sinbad le marin :

« Sur mes vieux ans, » (ce sont les paroles de Sinbad lui-même, telles qu’elles sont rapportées par Schéhérazade) « après plusieurs années de repos dans mon pays, je me sentis de nouveau possédé du désir de visiter des contrées étrangères ; et un jour, sans m’ouvrir de mon dessein à personne de ma famille, je fis quelques ballots des marchandises les plus précieuses et les moins embarrassantes, je louai un crocheteur pour les porter, et j’allai avec lui sur le bord de la mer attendre l’arrivée d’un vaisseau de hasard qui pût me transporter dans quelque région que je n’aurais pas encore explorée.

» Après avoir déposé les ballots sur le sable, nous nous assîmes sous un bouquet d’arbres et regardâmes au loin sur l’océan, dans l’espoir de découvrir un vaisseau ; mais nous passâmes plusieurs heures sans rien apercevoir. À la fin, il me sembla entendre comme un bourdonnement ou un