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aboli, j’ai à me reprocher d’avoir commis une grave indiscrétion, en vous frustrant vous et le roi (je suis fâchée de le dire, mais le voilà qui ronfle — ce que ne devrait pas se permettre un gentilhomme) de la fin de l’histoire de Sinbad le marin. Ce personnage eut encore beaucoup d’autres aventures intéressantes ; mais la vérité est que je tombais de sommeil la nuit où je vous les racontais, et qu’ainsi je dus interrompre brusquement ma narration — grave faute qu’Allah, j’espère, voudra bien me pardonner. Cependant il est encore temps de réparer ma coupable négligence, et aussitôt que j’aurai pincé une ou deux fois le roi de manière à le réveiller assez pour l’empêcher de faire cet horrible bruit, je vous régalerai vous et lui (s’il le veut bien) de la suite de cette très remarquable histoire. »

Ici la sœur de Schéhérazade, ainsi que le remarque l’Isitsoornot, ne témoigna pas une bien vive satisfaction ; mais quand le roi, suffisamment pincé, eut fini de ronfler, et eut poussé un « Hum ! » puis un « Hoo ! » — mots arabes sans doute, qui donnèrent à entendre à la reine qu’il était