dans leur tombe. Et pendant que je regardais, la voix me dit encore : « N’est-ce pas, oh ! n’est-ce pas une vue pitoyable ? » Mais avant que j’aie pu trouver un mot de réponse, le fantôme avait cessé de me serrer le poignet ; les lueurs phosphorescentes expirèrent, et les tombes se refermèrent tout à coup avec violence, pendant que de leurs profondeurs sortait un tumulte de cris désespérés, répétant : « N’est-ce pas — ô Dieu ! n’est-ce pas une vue bien pitoyable ? »
Ces apparitions fantastiques qui venaient m’assaillir la nuit étendirent bientôt jusque sur mes heures de veille leur terrifiante influence. Mes nerfs se détendirent complètement, et je fus en proie à une horreur perpétuelle. J’hésitai à aller à cheval, à marcher, à me livrer à un exercice qui m’eût fait sortir de chez moi. De fait, je n’osais plus me hasarder hors de la présence immédiate de ceux qui connaissaient ma disposition à la catalepsie, de peur que, tombant dans un de mes accès habituels, je ne fusse enterré avant qu’on ait pu constater mon véritable état. Je doutai de la sollicitude, de la fidélité de mes plus chers amis.