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qui se faisait sentir tout autour de mon organe d’ordre. Peu s’en fallut que je n’y restasse — j’en eus pour six semaines — les médecins prétendant que j’étais perdu et le reste. Mais, quoique je souffrisse beaucoup, je n’en étais pas moins un enfant plein de cœur. Je me voyais sauvé de la perspective de devenir « un respectable marchand au détail et à la commission, faisant un gros chiffre d’affaires », et je me sentais rempli de reconnaissance pour la protubérance qui avait été l’instrument de mon salut, ainsi que pour la généreuse femme, qui m’avait originairement gratifié de cet instrument.

La plupart des enfants quittent la maison paternelle à dix ou douze ans ; j’attendis jusqu’à seize. Et je ne crois pas que je l’aurais encore quittée, si je n’avais un jour entendu parler à ma vieille mère de m’établir à mon propre compte dans l’épicerie. L’épicerie ! — Rien que d’y penser ! Je résolus de me tirer de là, et d’essayer de m’établir moi-même dans quelque occupation décente, pour ne pas dépendre plus longtemps des caprices de ces vieux fous, et ne pas courir le risque de finir