Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la danse, les exercices gymnastiques en général, les cartes, la lecture de livres d’un certain genre, etc. Nous feignions de traiter chaque individu pour une infirmité ordinaire ; et l’on ne prononçait jamais le mot de folie. Une de nos grandes ressources consistait à nous arranger de façon à ce que chaque malade surveillât, en quelque sorte, la conduite de ses compagnons. Ayez l’air de vous en rapporter à l’intelligence et à la sagesse d’un fou et vous vous l’attacherez corps et âme. C’est ainsi que nous avons pu nous dispenser d’un régiment coûteux de gardiens.

— Et vous n’infligiez aucun châtiment ?

— Aucun.

— Et vous n’enfermiez jamais vos malades ?

— Très-rarement. De temps à autre, lorsque survenait une crise, un soudain accès de fureur, chez un de nos pensionnaires, nous l’enfermions dans une cellule isolée, de peur que son état n’exerçât une influence contagieuse, et nous l’y laissions jusqu’à ce que ses amis vinssent le chercher ; nous ne recevons pas les fous furieux, confiés d’ordinaire aux établissements publics.

— Et vous avez changé tout cela, et vous croyez avoir bien fait ?

— Certes. Le système de la douceur avait ses désavantages et même ses dangers. C’est un bon-