de juger par vous-même. Mais je présume que vous connaissez la méthode en question, — que les détails du traitement vous sont familiers ?
— Pas tout à fait. Ceux qui me les ont donnés ne savaient rien de positif.
— Eh bien, je vous dirai, en termes généraux, que le système consistait à ménager les malades, à ne jamais les contrarier. Nous ne discutions aucune des fantaisies qui leur passaient par la tête. Loin de là, non-seulement nous feignions d’y croire ; mais nous les encouragions, et c’est ainsi que nous avons obtenu quelques-unes de nos cures les plus permanentes. Aucun argument ne frappe un esprit malade comme le reductio ad absurdum. Nous avons eu, par exemple, des pensionnaires qui se figuraient être des poulets. Le traitement se bornait à insister sur la vérité du fait, — à accuser le patient de stupidité, parce qu’il ne s’en montrait pas assez convaincu, — et à lui refuser pendant une semaine toute autre nourriture que celle qui convient à des volailles. De cette façon, avec un peu de blé et de gravier, on accomplissait des prodiges.
— Mais on ne se contentait pas d’une simple adhésion ?
— Du tout. Nous comptions beaucoup aussi sur d’innocentes distractions, telles que la musique,