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pendance, je rencontrai le capitaine Hardy dans Broadway. Notre conversation roula naturellement sur le sinistre et particulièrement sur la fin tragique de ce pauvre Wyatt. C’est ainsi que j’appris les détails qui suivent :

L’artiste avait retenu des places pour ses deux sœurs, sa femme, et une servante.

Madame Wyatt, ainsi qu’on me l’avait représentée, était une personne ravissante et des plus accomplies. Dans la matinée du 14 juin (jour où j’avais visité le navire), elle était tombée malade très-subitement, si malade que le soir même elle avait cessé de vivre. Le jeune veuf devint presque fou de douleur ; mais les circonstances lui commandaient de ne pas trop retarder son voyage. Il voulait ramener à sa belle-mère les restes mortels de celle qu’il avait tant aimée. D’un autre côté, il connaissait trop bien le préjugé universel qui s’opposait à l’exécution de ce pieux devoir, pour songer à le braver ouvertement. Neuf dixièmes des passagers eussent abandonné le navire plutôt que de consentir à voyager avec un cadavre.

Pour sortir de ce dilemme, le capitaine avait décidé que le corps, après avoir été embaumé, serait entouré de sel et placé dans une caisse d’une dimension convenable. On ne devait rien dire de la mort de madame Wyatt ; mais comme on savait