Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.

minutes. Enfin, le rire s’éteignit et l’artiste tomba à la renverse sur le pont. Lorsque je me baissai pour le relever, il paraissait mort.

J’appelai à son secours, et ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à le faire revenir à lui. En rouvrant les yeux, il prononça quelques paroles incohérentes. On crut devoir le saigner, et on le mit au lit. Le lendemain, sa santé paraissait complètement rétablie ; je ne parle pas, bien entendu, de son état moral, mais de sa santé physique.

Je l’évitai autant que possible pendant le reste du voyage, d’après les conseils du capitaine, qui semblait partager mon opinion relativement à la folie de Wyatt, tout en me priant de n’en rien dire à personne.

Plusieurs circonstances qui suivirent de près cet accès contribuèrent à augmenter la curiosité que je ressentais déjà. Celle-ci, entre autres : J’avais été nerveux ; j’avais fait des débauches de thé vert, et je dormais mal ; — à vrai dire, je fus même deux nuits sans fermer les yeux. Or, ma chambre donnait, comme celle de tous les passagers non mariés, sur le salon d’honneur, tandis que les cabines de Wyatt se trouvaient dans le salon d’arrière, séparé de l’autre par une porte à coulisse qui restait libre, même la nuit.

Il ventait frais, et nous étions constamment sur