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encore durant les heures silencieuses de la nuit. Soudain ces manifestations cessèrent, et le monde s’assombrit à mes yeux, et je restai pâle et tremblant devant les pensées dévorantes qui me possédaient et les terribles tentations qui venaient m’assaillir ; car il arriva d’une contrée bien, bien lointaine, vers la cour du roi que je servais, une jeune fille devant la beauté de laquelle mon cœur inconstant céda tout de suite, — aux pieds de laquelle je m’étendis sans lutte, dans une adoration d’amour des plus ardentes, des plus soumises. Qu’était donc ma passion pour ma compagne de la vallée à côté de la ferveur, du délire, de l’extase d’admiration qui soulevait mon âme et dans laquelle je répandis mon cœur en larmes aux pieds de mon Ermengarde éthérée ? C’était un brillant séraphin que mon Ermengarde ! et cette pensée ne laissait aucune place pour d’autres dans mon esprit. C’était une créature divine que l’ange Ermengarde ! et tandis que j’interrogeai les profondeurs de ses yeux, qui conservaient comme un souvenir d’un autre monde, je ne songeai qu’à elle et à son regard.

Je la pris donc pour femme ; — je ne tremblai pas au souvenir de la cruelle malédiction que j’avais invoquée, et cette malédiction ne m’atteignit pas. Une fois encore, — une seule fois, dans le si-