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repos. Pareil au Léthé, là-bas, le lac paraît dormir d’un sommeil qui ne s’ignore pas et ne voudrait pour rien au monde se réveiller. Toute Beauté dort ! — et voyez, sa croisée ouverte aux vents du ciel, Irène repose avec ses destinées !


II

Ô dame rayonnante, est-il bien que ta croisée reste ouverte à la Nuit ? Les brises folâtres se laissent tomber du haut des arbres et la franchissent en riant ; les brises incorporelles, troupe féerique, vont et viennent à travers ta chambre, agitant d’une façon si fantastique, si effrayante, au-dessus de la paupière close et frangée qui cache ton âme endormie, ce rideau de baldaquin ! Sur le parquet, le long des murs, les ombres se montrent et disparaissent comme des fantômes. Ô dame aimée, ne crains-tu rien ? Pourquoi rêves-tu ici, et quels sont tes rêves ? Sûrement, tu es venue de loin, à travers l’Océan, émerveiller les arbres de ce jardin ! Étrange est ta pâleur ! étrange ton costume ! étrange surtout la longueur de tes cheveux, la gravité de ce silence solennel !