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l’âme qui brillait dans ton regard tourné vers le ciel. Je ne vis plus que tes yeux, — pour moi, le monde était là. Je ne vis plus que les yeux, je ne vis rien que ton regard pendant des heures, — je ne vis plus que tes yeux jusqu’au moment où la lune descendit. Quelles étranges histoires du cœur je lus dans le cristal de ces sphères célestes ! Quelle sombre douleur, mais quel sublime espoir ! Quelle sérénité dans le mutisme de cet océan d’orgueil ! Quelle ambitieuse audace, mais quelle puissance d’amour !


IV

Mais voilà qu’enfin la chère Diane disparut à l’ouest, dans une couche de nuages où sommeillait le tonnerre ; et toi, ainsi qu’un fantôme, t’ensevelissant au milieu des arbres, tu te dérobas au loin. Tes yeux seuls restèrent. Ils ne voulurent pas s’en aller[1], — jamais ils ne s’en sont allés. Éclairant cette

  1. C’est dans un jardin, à minuit, que l’auteur vit pour la première fois celle qui faillit devenir sa seconde femme, Sarah Helen Whitman, qui, dans un récent ouvrage de peu de valeur (Edgar Poe and his Critics, New York, 1860), a pris la défense du poëte. On sait que Poe rompit ce mariage en se présentant ivre et en faisant un esclandre dans la maison de sa fiancée peu de temps après la publication des bans. En soulignant les deux phrases ci-dessus, a-t-il voulu donner à entendre qu’il faut prendre ses paroles au sérieux ? Dans une horrible nouvelle