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que tu me demandes, et voici ma réponse : — Je te réponds en ployant le genou : il s’agenouille. — Chère Lalage, je t’aime, je t’aime, je t’aime ! Innocente ou pécheresse, — heureuse ou malheureuse, je t’aime ! Pas une mère, berçant son premier-né, ne tressaille d’un amour plus profond que celui qui brûle pour toi dans mon âme. Si je t’aime ? Il se relève. Je t’aime pour tes malheurs, — pour tes malheurs mêmes, — pour ta beauté et tes malheurs.

LALAGE.

Hélas ! noble comte, tu t’oublies en songeant à moi ! Dans la demeure de ton père, au milieu des jeunes filles pures et sans reproche de ta lignée princière, où trouver une place pour Lalage et son déshonneur ? Ton épouse, malgré la souillure du passé ? Mon nom taché et flétri ne jurerait-il pas avec l’antique honneur de ta maison, avec ta gloire ?

POLITIEN.

Ne me parle pas de gloire ! Je hais, — je déteste jusqu’au mot et j’abhorre la chose, — une ombre qui n’a rassasié personne ! N’es-tu point Lalage et ne suis-je pas Politien ? Ne t’aimé-je pas ? — N’es-tu point belle ? — Que faut-il de plus ? Ah ! la gloire ! — laisse là cette chimère ! Par tout ce qui m’est vénérable et sacré, — par tout ce que je souhaite